1975, Phonogram
Chacun son truc. Quand d'Angleterre quatre garçons dans le vent partent se ressourcer auprès d'un gourou indien obsédé sexuel sur les bords, les franchouillards d'Ange, pas moins chevelus ni baba-cools, feront le choix, quelque temps plus tard, d'aller voir l'ancêtre Émile Jacotey, maréchal-ferrant de père en fils à Saulnot, modeste village de 500 âmes en Haute-Saône, qui aimait à raconter les légendes locales. Si ces contes ont inspiré les textes de cet album, son plus grand mérite, je trouve, est d'amorcer – et de réussir – une évolution musicale majeure chez Ange, où l'on voit reculer le rock progressif au profit de la chanson. Ou plus exactement, où l'on entend naître une nouvelle conception de la chanson française, incorporant les ambitions orchestrales du rock progressif, la nervosité et la puissance du rock, l'exigence mélodique et l'intention littéraire. Oui, tout cela à la fois : excusez du peu. Bien que faute de temps, la deuxième moitié de l'album soit bien en deçà de tous ces curseurs, Émile Jacotey reste à mon avis un sommet dans ces nouvelles prétentions d'Ange. Deux titres sont particulièrement réussis : Sur la trace des fées avec son ambiance onirique, sa descente chromatique et sa sublime mélodie, et Le nain de Stanislas, véritable morceau de bravoure avec son contre-chant dans le refrain et son pont parlé sur une accélération de cadence magistralement amenée par le nouveau batteur Guénolé Biger, qui passe en l'espace de brèves mesures d'un battement de cymbale au martèlement du temps fort à la grosse caisse, puis bascule au temps faible à la caisse claire. Cela n'a rien d'une prouesse technique, mais l'effet est extraordinaire.
31 mai 2020
Quelque part en Lorraine, en 1977.
Vidéo éditée par nuizible.
Version originale.
Vidéo éditée par riversend21.
1975, Phonogram.