2017, Dream Syndicate / Anti
Il est toujours surprenant – mais aussi rassurant – de tomber sur des artistes talentueux qui se contentent d'un succès d'estime, sans chercher à se dévoyer pour conquérir un plus vaste public. À l'instar des Londoniens de Wire, par exemple, les Californiens du Dream Syndicate font partie de cette race de musiciens qui tracent avec constance un sillon éminemment personnel, sans se soucier du qu'en-dira-t-on. À leurs débuts, le fondateur du groupe Steve Wynn affirmait qu'ils jouaient la musique qu'ils voulaient entendre parce que personne d'autre ne la faisait, et qu'ils refuseraient tout compromis sur ce principe. Cela leur a évidemment valu des déboires, en particulier avec les maisons de disques. Mais ils ont continué malgré tout à ne pas dévier d'un bémol de ce qu'ils aiment composer. Dès leur premier album, The Days Of Wine And Roses (1982), leurs guitares inventives et redoutablement efficaces ne pouvaient que faire dresser l'oreille. Mais voilà : sans refrains à beugler à tue-tête, il est toujours difficile de conquérir le cœur du plus grand nombre. La remarque vaut pour cet album How Did I Find Myself Here?, le premier ayant suivi leur reformation en 2012, après une absence de plus de vingt ans. Si les deux premiers titres, Filter Me Through You et Glide pourraient laisser croire qu'ils ont mis de l'eau dans leur vin en glissant vers un superbe rock mélodique et répétitif, le reste de l'album vient vite le démentir. Qu'il soit lancinant (Out Of My Head), furieux (The Circle) ou résolument psychédélique (How Did I Find Myself Here, Kendra's Dream), ce rock sinueux mais toujours de qualité reste bel et bien le leur, ne cédant rien au goût des autres (1). Et tant mieux s'il se trouve des mélomanes pour apprécier.
21 octobre 2023
(1) Titre d'un film d'Agnès Jaoui (2000).
Copenhague (Danemark), le 18 octobre 2017.
Vidéo éditée par SurroundSister.
2017, Dream Syndicate / Anti.