1970, Charisma / Virgin
Après une première tentative From Genesis to Revelation dont seule la méthode Coué peut à la rigueur faire admettre que Genesis en est l'auteur, Trespass reste mon album préféré du groupe. J'y aime surtout le son un peu brut. La technologie de l'époque ne permettait pas encore d'empiler et de connecter des synthés dans tous les sens. À vrai dire, il n'y en avait pas encore (ou plus exactement, le Minimoog, premier synthé à la fois simple et abordable, ne naîtrait que l'année suivante). Aussi cet album est-il celui qui rend le plus justice à la dextérité et à l'inventivité de Tony Banks, obligé d'obtenir le maximum de sonorités et de textures d'un orgue. Si l'on y ajoute les notes de guitare assez agressives d'Anthony Phillips, on obtient l'album le plus « rock » de Genesis. Et puis, je dois reconnaître qu'il reste attaché, avec quelques autres de King Crimson, Yes, Ange et Pink Floyd, au son que faisaient les chagrins d'amour, le désarroi et la solitude à la fin d'une adolescence somme toute douloureuse. Je ne sais pas si la musique peut aider à se construire. Elle a en tout cas le don, comme les odeurs ou certains objets insignifiants, de marquer à jamais souvenirs et états d'âme. D'une certaine manière, Trespass fait maintenant partie de mon patrimoine génétique et il exprime toujours la même émotion, les mêmes sentiments et les mêmes images à chaque écoute.
22 juillet 2007
Concert au Bataclan, Paris (France), 1973.
1970, Charisma / Virgin.