1994, Kill Rock Stars
Nanti de nouvelles compositions déjà bien abouties et d'un budget modeste, le trio Unwound n'a guère perdu de temps en prises de tête et bidouillages inutiles pour mettre ce deuxième album en boîte : quatre jours de studio en tout et pour tout. Son prédécesseur d'un an, Fake Train, dépassait déjà d'une bonne tête la moyenne de la production rock bruitiste ; mes oreilles et mes goûts trouvaient toutefois la spontanéité de cette première œuvre par trop bruyante et radicale pour l'apprécier pleinement. Il en va différemment avec New Plastic Ideas. Certes, le groupe continue de s'y entendre à merveille pour ne pas y aller de main morte avec le volume et la hargne. Pourtant, il est un nouvel ingrédient qui vient tempérer toute cette fougue : la tristesse, qui nimbe de ses harmonies mineures les accords furieux et les cris des refrains. Elle s'entend tout particulièrement dans Envelope, Arboretum ou Fiction Friction (tempo singulièrement ralenti, guitare en arpèges voire en harmoniques, basse sombre et batterie hachée), et surtout dans l'instrumental Abstraktions, dont l'ambiance n'a rien à envier à l'obscurité oppressante de la new wave. Tant de pessimisme ambient ne s'écoute plus sans songer que l'alcoolisme dévastateur du bassiste a fini par avoir raison du groupe, avant d'avoir prématurément la peau dudit Vern Rumsey. Cet album de haute volée, tout à la fois sombre et violent, n'en est que plus précieux.
18 septembre 2022
Birmingham (Alabama, États-Unis), le 8 juin 1996.
Vidéo éditée par kilgoreflux.
1994, Kill Rock Stars.