Starless

Stone Roses / Second Coming

Pochette de l'album "Second Coming" des Stone Roses

1994, Geffen Records

C'était une époque où la presse musicale britannique s'enflammait très vite pour les prestations scéniques de jeunes groupes prometteurs, cherchant à toute force de nouveaux Smiths. De Manchester à Londres, il est vrai que le rock anglais ne manquait pas de talents émergents dans la deuxième moitié des années 1980 : les Happy Mondays, les Charlatans, les La's, House Of Love, Verve, Blur, Suede et j'en passe (dont Pulp, plus ancien mais qui, à ce moment-là, cherche encore le succès). C'est dans cette effervescence qu'est arrivé dans les bacs le premier album des Stone Roses, en 1989, dont le succès a été aussi gigantesque que foudroyant. C'est dire si son successeur était fortement attendu, d'autant que le groupe avait largement pris son temps avant de se mettre enfin à son écriture, entre tournées et bagarres peinturlurées avec leurs maisons de disques (1). Finalement dotés par leur nouveau et courageux label Geffen d'une avance faramineuse (1 million de livres) pour leur futur album, il s'y sont réellement attaqués en 1993 et ont passé pas moins d'un an en studio pour son enregistrement. Voilà donc comment l'on se retrouve avec un Second Coming largement dominé par un blues-rock solidement ancré à une basse bien chaloupée et rythmé par une guitare méticuleusement travaillée façon Led Zep (Breaking Into Heaven, Driving South, Daybreak, Good Times, Tears, Love Spreads). Sauf que le labeur ne saurait remplacer l'inspiration : où sont les couplets excitants, les refrains fédérateurs ? Nulle part. Ici, le chant ne peut que tenter de survivre à des morceaux pensés et composés à la gloire de la seule guitare – et c'est peine perdue. Il y a bien des tentatives de retrouver la magie des chansons plus simples, franches, éclectiques et mélodiques du précédent album (Ten Storey Love Song, Your Star Will Shine, How Do You Sleep), mais les formules se sont perdues en chemin. Bref, bien qu'il « déchire » largement, ce rock honnête, ni génial ni original, ne pouvait être perçu que comme une douche froide par tous ceux dont les yeux avaient brillé de plaisir en découvrant le premier album. Un simple accident de parcours ? Que nenni, malheureusement : bien qu'ils aient persisté jusqu'en 2017, les Stone Roses n'ont vécu que sur ce seul répertoire de deux albums, sans rien produire de neuf à l'exception de deux chansons en 2016, comme si l'inspiration ou l'envie de composer s'étaient éteintes.

27 octobre 2025

(1) Mécontents de la promotion faite par Revolver Records de leur chanson Sally Cinnamon, en 1990, le groupe a débarqué dans les bureaux du label et y a projeté de la peinture partout, y compris sur le patron et son épouse.

Vidéo / Love Spreads

New York (États-Unis), le 30 juin 2016.
Vidéo éditée par Steve Easton.

Chansons de l'album

  1. Breaking Into Heaven
  2. Driving South
  3. Ten Storey Love Song
  4. Daybreak
  5. Your Star Will Shine
  6. Straight To The Man
  7. Begging You
  8. Tightrope
  9. Good Times
  10. Tears
  11. How Do You Sleep
  12. Love Spreads

Crédits

Musiciens

Les Stone Roses sont Ian Brown (chant, harmonica), Mani (Gary Mounfield, basse), Reni (Alan Wren, batterie) et John Squire (guitare).
Avec Nick Brine (tambourin sur 12), Simon Dawson (claviers, castagnettes, guimbarde) et Brian Pugsley (programmation sur 7).

Auteurs

Écrit et composé par John Squire sauf 4 par Ian Brown, Gary Mounfield, John Squire et Alan Wren, 6 par Ian Brown et 7 par John Squire et Ian Brown.

Production

Produit et enregistré par : Simon Dawson et Paul Schroeder (1, 2, 6, 9), avec un enregistrement initial par Mark Tolle et Al « Bongo » Shaw (10) ; Simon Dawson, Paul Schroeder et John Leckie (3, 7, 11) ; Simon Dawson avec un enregistrement initial par Mark Tolle et Al « Bongo » Shaw (4, 8) ; Simon Dawson (5, 12).
Enregistré avec l'assistance de Nick Brine aux studios Forge à Oswestry (Angleterre, Royaume-Uni) et Rockfield près de Monmouth (Pays-de-Galles, Royaume-Uni).
Mixé par Bill Price.
Mastérisé par George Marino aux studios Sterling Sound à New York (États-Unis).
Édité par Publishing Designee.
Dedicated to Phillip Hal.

Pochette

Kevin Reagan (conception) et John Squire (collage).

Parution et label

1994, Geffen Records.

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