Starless

Peter Gabriel / i/o

Pochette de l'album "i/o" de Peter Gabriel

2023, Real World Music

Si l'on met de côté ses deux vraies-fausses dernières productions – les reprises de Scratch My Back (2010) puis la tocade même pas originale des réinterprétations avec orchestre de New Blood (2011) –, Peter Gabriel n'avait rien sorti de neuf depuis l'album Up en 2002. La parution d'i/o en cette fin d'année 2023 est donc un événement en soi, même s'il a largement été éventé par l'artiste lui-même, qui a mis en ligne depuis janvier les douze titres de l'album au rythme d'un par mois. En bon puriste maniaque et borné de quelque vieille école, je m'étais refusé à en écouter un seul tant que je n'aurais pas l'album entier entre les mains – enfin, façon de parler bien sûr, à l'ère du streaming. La bonne nouvelle est qu'il offre enfin de vraies nouvelles chansons. Certaines sont plutôt enthousiasmantes (Panopticom, The Court, la magistrale Four Kinds Of Horses), servies par de vieux compagnons de route aussi fidèles que compétents. D'autres pourraient être mieux que leur arrière-goût de redite (i/o, Olive Tree, Live And Let Live). D'autres enfin évoluent dans la demi-teinte chère à Peter Gabriel, mais sans atteindre la magie d'un San Jacinto ou d'un Family Snapshot, à l'exception notable de Love Can Heal. Il est certes surprenant et un peu décevant de constater que le chanteur-musicien a refusé d'assumer jusqu'au bout ce qui aurait dû être son choix d'artiste – chaque chanson se décline en deux versions : un mixage « brillant » assuré par Mike Spike et un mixage dit « sombre » par Tchad Blake, les différences étant parfois très subtiles. Le plus déroutant reste quand même de n'entendre aucune évolution musicale sensible, comme si les vingt ans écoulés depuis Up n'avaient jamais existé. Il n'y a pas lieu de se plaindre du plaisir à retrouver l'ambition et l'exigence du style de pop-rock inventé par Peter Gabriel, dont la voix unique n'est de surcroît nullement altérée par l'âge, mais l'on ne peut s'empêcher de s'interroger sur un tel immobilisme. En revanche, et en dépit de quelques passages bien enlevés, je regrette fortement que cet album maîtrisé jusqu'à la moindre double croche manque totalement de fougue : aussi respectable soit-il, il reste bien trop sage pour aspirer à transporter les pauvres mortels dans un monde meilleur. Mais peut-être n'est-ce pas son propos.

15 décembre 2023

Vidéo / Four Kinds Of Horses (Bright Mix)

Milan (Italie), 21 mai 2023.
Vidéo éditée par The Intruder.

Chansons de l'album

  1. Panopticom (Bright Mix)
  2. The Court (Bright Mix)
  3. Playing For Time (Bright Mix)
  4. i/o (Bright Mix)
  5. Four Kinds Of Horses (Bright Mix)
  6. Road To Joy (Bright Mix)
  7. So Much (Bright Mix)
  8. Olive Tree (Bright Mix)
  9. Love Can Heal (Bright Mix)
  10. This Is Home (Bright Mix)
  11. And Still (Bright Mix)
  12. Live And Let Live (Bright Mix)
  13. Panopticom (Dark Mix)
  14. The Court (Dark Mix)
  15. Playing For Time (Dark Mix)
  16. i/o (Dark Mix)
  17. Four Kinds Of Horses (Dark Mix)
  18. Road To Joy (Dark Mix)
  19. So Much (Dark Mix)
  20. Olive Tree (Dark Mix)
  21. Love Can Heal (Dark Mix)
  22. This Is Home (Dark Mix)
  23. And Still (Dark Mix)
  24. Live And Let Live (Dark Mix)

Crédits

Musiciens

Peter Gabriel (chant, claviers, charango modifié, percussions, programmation rythmique, arrangements orchestraux).
Avec Brian Eno (synthés, percussions, bruitages ; guitare modifiée et ukulélé sur 6), Manu Katché (batterie), Tony Levin (basse) et David Rhodes (guitare ; chœurs sur 1, 4, 8, 12).
Et Jennie Abrahamson (chœurs sur 9), Ron Aslan (synthés sur 6), Hans-Martin Buff (programmation rythmique sur 6 ; synthés sur 6), Richard Chappell (programmation rythmique sur 1, 2, 5, 8, 11, 12 ; piano sur 2), Tom Cawley (piano sur 3), Rioghnach Connolly (chœurs sur 1, 9, 10), Don E (Donald McLean, synthé basse sur 6), Richard Evans (flûte irlandaise sur 4 ; mandoline sur 8), Paolo Fresu (trompette sur 12), Melanie Gabriel (chœurs sur 2, 7, 9, 12), Steve Gadd (boucle de balais sur 12), Oli Jacobs (programmation rythmique sur 1, 4, 5, 10, 12 ; synthés sur 1, 3, 4, 10 ; piano sur 5 ; guitare sur 10 ; tambourin sur 10), Ged Lynch (percussions sur 8, 9, 11), Katie May (percussions sur 2, 4, 10, 12 ; guitare sur 4 ; effets de guitare sur 9 ; synthés sur 4 ; programmation rythmique sur 5), Oli Middleton (percussions sur 10), Linnea Olsson (violoncelle et chœurs sur 9), Angie Pollock (synthés sur 9), Richard Russell (percussions filtrées sur 5), John Shpak (trompette sur 6, 8 ; cor d'harmonie sur 6) et Evan Smith (saxophone sur 8).
Et aussi le New Blood Orchestra (2, 3, 5, 6, 7, 8, 10, 11), dirigé par John Metcalfe.
Arrangements orchestraux : John Metcalfe (2, 5, 6, 7, 8, 10, 11) et Ed Shearmur (3).
Violon : Natalia Bonner, Martin Burgess, Louisa Fuller, Richard George, Clare Hayes, Marianne Haynes, Ian Humphries, Charles Mutter, Everton Nelson (1er violon), Odile Ollagnon, Cathy Thompson et Debbie Widdup.
Alto : Fiona Bonds, Peter Lale, Rachel Roberts et Bruce White.
Violoncelle : Chris Allan, Ian Burdge, Caroline Dale, William Schofield, Tony Woollard et Chris Worsey.
Contrebasse : Chris Laurence, Lucy Shaw et Stacey Watton.
Trompette : Andrew Crowley.
Trombone ténor : Tracy Holloway et Andy Wood (également euphonium).
Trombone basse : Richard Henry.
Cor d'harmonie : Richard Bissill et David Pyatt.
Tuba : David Powell.
Flûte : Eliza Marshall.
Partitions : Dave Foster.
Contrats : Lucy Whalley et Susie Gillis pour Isobel Griffiths Ltd.
Et encore la chorale Orphei Drängar, arrangée par Peter Gabriel, Dom Shaw et Cecilia Rydinger et dirigée par Cecilia Rydinger (10), et la chorale Soweto Gospel, arrangée et dirigée par Bongani Ncube (4, 6, 12).

Auteurs

Écrit et composé par Peter Gabriel.
Échanges initiaux pour 10 avec Skrillex (Sonny John Moore).

Production

Produit par Peter Gabriel, avec Richard Russell (5) et Brian Eno (6).
Enregistré par Oli Jacobs et Katie May aux studios Real World à Bath (Angleterre, Royaume-Uni) et The Beehive à Londres (Angleterre, Royaume-Uni), avec Dom Shaw (6, 10, 12) et avec l'assistance de Faye Dolle (tous titres) et Dom Shaw (tous titres sauf 1, 6).
Enregistrements complémentaires par Faye Dolle (3) et Dom Shaw (4), par John Foyle (5) aux studios The Copper House à Londres, par Faye Dolle et Stefano Amerio (12) aux studios ArteSuono à Cavalicco (Italie). Une prise de son a été faite pour 6 à la salle omnisports Rexall Place d'Edmonton (Alberta, Canada).
Enregistrement du New Blood Orchestra par Lewis Jones aux studios British Grove à Londres avec l'assistance de Tom Coath et Luie Stylianou, et de Richard Chappell pour la pré-production et les développements.
La chorale Soweto Gospel a été enregistrée aux studios High Seas à Johannesbourg (Afrique du Sud) et la chorale Orphei Drängar à la salle Alfvénsalen à Uppsala (Suède).
Mixé par Mark « Spike » Stent (bright mix) et par Tchad Blake (dark mix).
Mastérisé par Matt Colton aux studios Metropolis Mastering à Londres.
Édité par Real World Music et Sony Music Publishing.

Pochette

Pochette : Peter Gabriel (concept), Marc Bessant (concept et conception graphique), Nadav Kander (portraits), NASA / JPL / University of Arizona (photo du dos de couverture).
Le livret contient des reproductions d'œuvres de David Spriggs (Red Gravity), Tim Shaw (The Burning Of Lifting The Curse, photo de Steve Tanner), Annette Messager (Mes vœux avec nos cheveux), Olafur Eliason (Colour experiment n° 114, photo de Jens Ziehe), Cornelia Parker (Snap), Ai Weiwei (Middle Finger In Pink), Henry Hudson (Somewhere Over Mercia), Barthélémy Toguo (Chroniques avec la nature), Antony Micallef (A small painting of what I think love looks like), David Moreno (Conexión de catedral II), Megan Rooney (And Still (Time)) et Nick Cave (Soundsuit).

Parution et label

2023, Real World Music.

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