1989, Lively Art
L'apport de Mary Goes Round à la new wave française, c'est le rock : de vraies phrases rythmiques de guitare méchante et mordante à souhait, venant délurer le son un peu trop sage des années 1980 et les clichés d'un genre que les Français ont généralement plus amplifiés que contournés. À commencer par le chant : je ne sais pas pourquoi, mais la « touching pop » hexagonale, comme l'ont appelée les journalistes, s'est consciencieusement évertuée à choisir des non-chanteurs pour délivrer ses paroles. Certes, les non-musiciens qui prétendent faire de la musique ne sont pas rares et ce choix curieux aurait donc pu faire sens s'il s'agissait d'innover. Force est d'admettre que c'était surtout soit un non-choix du pauvre, soit un caprice de rimailleurs se voyant déjà statufiés sur le mont Rushmore des poètes maudits. En tout cas, Mary Goes Round n'échappe pas à ce travers du filet de voix mal assurée tentant de survivre dans une tonalité inadaptée. Reste heureusement la musique, miraculeusement mieux réussie en dépit des contraintes matérielles – pour cet album, le groupe est à l'état de duo. Souvent nerveuses, parfois agressives, les chansons de 70 Suns In The Sky accentuent la promesse d'une sueur rock faite par Mary Sleeps Alone et The Shelter dans le précédent album. Les riffs de Mary's Garden, Who Believes In Better Days? et Kiss Me Love, la cavalcade d'On My Way Back Home, la lourde basse cadencée portant Useless Day, Clouds & Clouds et Any Mary I See, le pas lourd sur percussions légères d'un Nightfall lorgnant du côté des Stranglers, la reprise de The Nile Song d'un Pink Floyd inhabituellement primaire... Cet album intermédiaire laisse clairement entendre que Mary Goes Round cherchait alors à s'extraire des postures figées d'une caricature de new wave pour rejoindre le camp des rockers en mouvement.
13 février 2023
Clip vidéo.
Vidéo éditée par MaryGoesRound.
1989, Lively Art.